Des modulateurs au ultrasons focalisés par IRM

Les nouveaux traitements du fibromes utérins

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Publié le 07/03/2019
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fibrome utérin

fibrome utérin
Crédit photo : Phanie

Les fibromes utérins, tumeurs bénignes de l'utérus très fréquentes, concernent plus de 600 000 femmes en France avec une prévalence très forte chez les afros Antillaises qui les développent tôt autour de 25 ans.

Chez les Caucasiennes, les fibromes apparaissent plutôt entre 40 et 50 ans et peuvent concerner 20 à 30 % des femmes. Si elles ne deviennent jamais malignes, ces tumeurs dues à une prolifération de nodules dans la paroi interne ou externe de l'utérus, ont plusieurs formes cliniques, avec d'éventuelles complications, (hémorragiques ou douloureuses), jusqu'à devenir parfois un obstacle à la fertilité.

En l'absence de signe clinique cependant, les fibromes utérins ne nécessitent qu'une simple surveillance, puis régressent après la ménopause.

Les femmes qui consultent se plaignent de douleurs et de règles très abondantes, des traitements symptomatiques leur sont alors proposés en première intention. « Pour la gestion de ces signes cliniques classiques, des traitements non hormonaux doivent pouvoir être proposés facilement par les généralistes », décrit le Pr Jean-Luc Brun, gynécologue au pôle obstétrique Gynécologie Reproduction (Centre Aliénor d'Aquitaine) au CHU de Bordeaux. Cet établissement fait partie de la vingtaine de centres experts dans le traitement des fibromes utérins en France.

En fonction du cortège de signes (douleurs compressives, hémorragies) présentés par la patiente, des traitements hormonaux (progestatifs, analogues de la GnRH) peuvent ensuite être mis en place. « Mais, avec les progestatifs, on ne contrôle pas le volume du myome, on agit uniquement sur les saignements, rappelle le Pr Brun, tandis que les analogues de la GnRH sont de moins en moins prescrits en raison d'une balance bénéfice risque peu favorable : ils mettent les femmes en ménopause. ».

Esmya de nouveau autorisé en cure courte et sous surveillance

En 2012, Esmya, médicament de la famille des SPRM (selective progesterone receptor modulator) a fait son apparition. Ce modulateur agit à la fois sur le volume du myome et sur les saignements. Mais après quatre accidents et une déclaration d'hépatite aiguë médicamenteuse, l'agence du médicament l'a suspendu en 2017. De nouveau autorisé depuis fin 2018, Esmya obéit à des règles strictes. « Il ne doit être prescrit qu'en cures courtes de trois mois renouvelable une fois ou en traitement préopératoire et reste contre-indiqué en cas d'anomalies du bilan hépatique, désormais obligatoire avant et pendant le traitement. ».

En cas de fibromes trop volumineux, d'infertilité, ou d'hémorragies importantes, une intervention chirurgicale est nécessaire. L'hystérectomie, proposée aux femmes de plus de 40 ans ayant déjà eu des enfants, tandis que la myomectomie (effectuée par célioscopie, voie vaginale ou laparotomie) s'adresse plutôt aux femmes ayant un projet parental. « Mais il faut rappeler les risques d'hémorragiques élevés en lien avec cette intervention », précise Jean-Luc Brun.

Par ailleurs, des techniques moins invasives et alternatives aux interventions chirurgicales, existent. L'embolisation des artères utérines, notamment qui consiste à injecter des microbilles dans les vaisseaux irriguant le fibrome. « L'embolisation est efficace dans 85 % des cas pour réduire le volume du myome et ses symptômes », décrit le spécialiste.

Enfin, la technique des ultrasons focalisés par IRM, qui consiste à détruire le fibrome par un échauffement à 70 ° ou 80 °C est la technique non invasive la plus innovante actuellement. Revers de la médaille, des critères d'éligibilité sélectifs et un petit nombre de centres experts qui la pratiquent. « Moins de 10 % des fibromes y sont adaptés, à Bordeaux nous en pratiquons 50 par an », indique le professeur Brun. Une goutte d'eau au regard des 50 000 myomectomies réalisées chaque année en France.

Béatrice Girard

Source : Le Quotidien du médecin: 9730