Prévention du cancer du col de l'utérus

Place au dépistage organisé !

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Publié le 07/03/2019
DEPISTAGE

DEPISTAGE
Crédit photo : Phanie

Le cancer du col de l'utérus touche 2 800 femmes chaque année en France et provoque 900 décès, selon les données les plus récentes communiquées par Santé publique France. « Cela peut paraître peu, mais c'est un chiffre encore bien trop important quand on sait que le dépistage existe depuis trente ans et qu'il est facile à mettre en œuvre », estime la docteur Christine Bergeron, anatomo-cyto-patologiste et vice-présidente de la Société française de colposcopie et de pathologie cervicovaginale.

Actuellement en France, 60 % des femmes de plus de 25 ans, réalisent un prélèvement cervico-utérin (frottis) tous les trois ans. 40 % ne le font jamais ou de façon trop irrégulière et ces données n'évoluent pas ou si peu. « Ce constat est regrettable, car le taux de survie est de 100 % en cas de détection d'une lésion précancéreuse d'un cancer du col, et il reste excellent au stade précoce. ».

Problème d'accès aux soins, manque d'éducation à la prévention, absence totale de symptôme… Les raisons de ce faible dépistage sont sans doute multiples, mais la situation pourrait s'améliorer rapidement. Le coup d'envoi du programme national de dépistage organisé du cancer du col de l'utérus (inscrit dans le plan cancer 2014-2019) vient en effet d'être lancé. Il s'adresse aux 17 millions de femmes âgées de 25 à 65 ans qui recevront dans les semaines qui viennent un courrier d'invitation au dépistage. En cas de non-réponse elles seront relancées puis se verront en dernier recours proposer des kits d'autoprélèvement, à déposer ensuite dans n'importe quel laboratoire. En cas de test HPB positif, elles devront aller faire un frottis.

« La première vague de courrier sera adressée en priorité aux femmes âgées de 50 ans qui n'ont jamais effectué de frottis », précise la médecin. L'objectif de cette campagne est d'atteindre 80 % de la population cible dans les trois à cinq ans et de réduire l'incidence et le nombre de décès dans les dix ans.

Dans le cadre des dernières recommandations de la HAS, il est prévu de placer désormais les prélèvements uniquement en milieu liquide, pour effectuer la recherche d'ADN de papillomavirus par test HPV. Une garantie pour les spécialistes d'obtenir des résultats stéréotypés.

Pour faciliter l'accès à ce dépistage, un volet de la campagne prévoit par ailleurs de solliciter d'autres professionnels de santé : sages-femmes et généralistes en particulier. L'objectif étant d'élargir les préleveurs et d'améliorer la prise en charge.

La vaccination, en complément du dépistage

En parallèle de cette campagne, le ministère soutient la vaccination des adolescentes qui resterait largement insuffisante en France. « Elle ne concerne aujourd'hui que 20 % des adolescentes âgées de 11 à 14 ans en France, c'est regrettable quand on sait que le Gardasil 9, la dernière génération de vaccin, protège désormais contre 9 types de papillomavirus, au lieu de 4 auparavant. Il garantit donc une couverture à 90 % des cancers », selon la docteur Bergeron.

Dans 10 ou 15 ans, ces générations de femmes vaccinées, ne pourront pas se soustraire au dépistage, mais considérées comme étant moins à risque, elles verront sans doute l'âge de leur premier frottis retardé à 30 ans.

Béatrice Girard

Source : Le Quotidien du médecin: 9730