Pr Bernard Cortet, rhumatologue

« La vitamine D est uniquement un traitement d’appoint de l'ostéoporose »

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Publié le 07/03/2019
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Bernard Cortet

Bernard Cortet
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Quels sont aujourd’hui les chiffres clefs de l’ostéoporose ?

Selon un rapport de l’International Osteoporosis Foundation (IOF), plus de 22 millions de femmes âgées de 50 à 84 ans sont affectées par l’ostéoporose en Europe. En France, le chiffre s’élève à 4 millions et on estime que près d’une femme sur deux sera victime d’ostéoporose après 50 ans. D’après les chiffres de l’Assurance-maladie, en 2013, 160 000 fractures chez des patients de plus de 50 ans, ont donné lieu à une hospitalisation. Fractures de l’extrémité supérieure du fémur (ESF), du bassin, de l'épaule, des vertèbres... Il ne s’agit pas de problèmes bénins. En 2016, un rapport de la DREES (Direction de la Recherche, des Etudes, de l’Evaluation et des Statistiques) montrait d’ailleurs qu’en France, toutes causes confondues, 23,5 % des patients des plus 55 ans meurent dans l’année qui suit une fracture de l’ESF. Enfin, la tendance n’est pas encourageante puisque les fractures liées à l'ostéoporose augmentent et vont continuer d’augmenter.

Comment s’explique cette évolution ?

Cette évolution s'explique par le vieillissement de la population, mais également par l’insuffisance ou l'absence de prise en charge adéquate. Alors que cette maladie peut s'avérer dramatique, de nombreuses patientes ne reçoivent pas le traitement adapté pour leur ostéoporose : aujourd’hui, on estime que seulement 15% des femmes pour qui ce traitement est nécessaire en bénéficient effectivement. Un autre signe évocateur du problème de la prise en charge est la baisse de prescriptions de densitométries osseuses. En effet, alors que le nombre de fractures est en hausse, il devrait en être de même pour cet examen, indispensable pour établir le bon diagnostic. Or, ce n’est pas le cas. Face à ce constat, le GRIO prône aujourd’hui un remboursement systématique de la densitométrie osseuse pour toutes les femmes de plus de 50 ans, qu’elles aient ou non eu une fracture.

Quel est selon vous l’intérêt d’une supplémentation en vitamine D pour les patientes atteintes d’ostéoporose ?

La vitamine D n’est en aucun cas un traitement à part entière de l’ostéoporose, mais elle peut être un traitement d’appoint, un complément utile. La littérature récente concernant le statut vitaminique D a montré que la situation est plus complexe que ce que l’on pensait auparavant : quand le taux de vitamine D est trop bas, il y a un risque de fracture, et quand il est trop haut, il peut en être de même. Dans ce contexte, il faut continuer de prescrire de la vitamine D aux patientes qui en ont besoin, mais selon des modalités différentes. Ainsi, la tendance actuelle est de privilégier des traitements avec des doses moindres et des prises plus fréquentes. Le GRIO va d’ailleurs publier prochainement une mise au point sur la vitamine D chez l’adulte (à paraître en 2019 dans la Revue du rhumatisme).

Propos recueillis par Anne-Lucie Acar

Source : Le Quotidien du médecin: 9730