« Je pèse soigneusement mes mots. Je ne crois pas à une épidémie de Zika en France ni dans l'Europe du Sud », a affirmé le Pr Jean François, directeur de l'Agence nationale de recherche sur le sida et les hépatites virales (ANRS) lors de son audition par la commission des Affaires sociales de l'Assemblée nationale.
S'il se veut rassurant, le Pr Delfraissy estime tout de même que l'épidémie de Zika est « un signal ». Il juge en effet nécessaire de « profiter de cette épidémie pour interroger notre action en matière de vectorologie dans le sud de la France. » Une réflexion qui doit être, selon lui, « conjointe avec les autres pays d'Europe, si nous ne voulons pas avoir dans cinq ans un nombre beaucoup plus important de cas ».
Le Pr Delfraissy a également relativisé le risque de santé publique que fait peser l'épidémie. « Il n’y aurait pas de problème Zika sans microcéphalie, c'est le seul et vrai problème », a-t-il expliqué. La grande majorité des infections sont en effet asymptomatiques, et même les cas de hausse de polyradiculonévrite aiguë inflammatoire, ou syndrome de Guillain-Barré restent, selon lui, « anecdotiques ».
Pour le Pr Delfraissy, la décision de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) de décréter une « une urgence de santé publique de portée mondiale » était « une décision prise avec raison », mais « on a un peu l'impression que l'OMS avait surtout peur de l'antécédent Ebola au cours duquel la même décision avait été prise avec beaucoup de retard. Zika n'a pourtant rien à voir avec Ebola et ses 70 % de mortalité au début de l'épidémie ».
Microcéphalies : pas de preuves scientifiques
Concernant le surrisque de microcéphalie chez les enfants nés de femmes infectées par le Zika lors de leur grossesse, le Pr Delfraissy rappelle qu'« Objectivement, il n'y a pas d'étude scientifique en béton qui permette de montrer le lien entre Zika et le risque de microcéphalie. On a des fortes suspicions liées à des cas rapportés qui montrent la présence de virus dans le liquide céphalorachidien d'enfants avortés pour cause de malformation », poursuit-il.
« Il existe probablement un lien, mais moins fort qu’on ne l’avait annoncé, juge le Pr Delfraissy, qui cite une enquête bésilienne où, sur 2 200 des 3 200 cas de microcépahlies associés à Zika au Brésil, la moitié est liée à d'autres causes et ne répond pas aux critères d'une infection à Zika.
Néanmoins, « il faut considérer les femmes enceintes comme un bien précieux », a martelé le Pr Delfraissy. Elles ont besoin d'un accompagnement pendant cette période de 6 à 8 mois, consistant à les protéger du monde extérieur par des moustiquaires et des préservatifs » compte tenu des récents cas décrits de transmissions sexuelles.
Le directeur de l'ANRS préconise aussi la mise au point de tests plus sensibles : « Les RT-PCR dont on dispose ne sont ni sensibles ni spécifiques, car, dans ces régions, on a des femmes coïnfectées par des arbovirus comme la dengue. » Ces nouveaux tests devraient être disponibles avant 6 mois, a-t-il promis.
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