À la demande de la direction générale de la santé (DGS), le Haut Conseil de santé publique (HCSP) publie un avis relatif à la prise en charge médicale et au suivi des nouveau-nés et nourrissons présentant une infection congénitale à virus Zika, ou susceptibles d'en avoir présenté une, en raison d'une infection confirmée ou éventuelle de la mère au moment de la grossesse ou de la période périconceptionnelle.
Le HCSP précise que ces modalités de suivi doivent être adaptées aux protocoles des réseaux et centres de périnatalité, et ne doivent pas engendrer de surcoût pour les patients et les familles.
Mesures du périmètre crânien
Tout nouveau-né de mère infectée ou susceptible de l'avoir été (quand la mère a résidé ou voyagé dans une zone d'épidémie active, ou a eu des rapports sexuels non protégés un mois avant la conception et durant la grossesse, ou ayant présenté des signes cliniques évocateurs du Zika) doit bénéficier d'un examen physique complet, avec mesures du périmètre crânien (une microcéphalie est définie par un PC < -3 DS et suspectée au seuil de - 2DS pour l'âge gestationnel), du poids et de la taille, un examen neurologique, la recherche de signes de dysmorphie et d'une hépato et/ou splénomégalie, et un examen cutané. Les anomalies radiologiques observées pendant la grossesse sont aussi à prendre en compte.
En fonction de ces résultats, le Haut Conseil distingue plusieurs conduites à tenir. Il y a arrêt des investigations chez l'enfant s'il ne présente aucune anomalie, et que sa mère n'est pas infectée.
Tous les autres nouveau-nés, ceux présentant une anomalie – même si la mère n'est pas infectée ou ceux dont la mère présente un diagnostic confirmé ou douteux –, doivent être soumis à une recherche d'infection par le virus Zika par RT-PCR et par sérologie.
Examens biologiques, neurologiques, ophtalmologiques et auditifs
En cas d'infection materno-fœtale ou de doute, le HCSP recommande de pratiquer des examens biologiques (recherche d'une thrombopénie et /ou une cytolyse hépatique), neurologiques (échographie transfontanellaire complétée par une RDM, IRM cérébrale dans les trois premiers mois de vie de l'enfant, et ponction lombaire avec RT-PCR sur le LCR), ophtalmologiques (examen du fond d'œil dans les premiers jours de vie et à un mois) et auditifs. En cas d'anomalie, un avis spécialisé est requis. Tous les résultats doivent faire l'objet d'un rapport archivable.
Suivi de cohorte et plan de surveillance pour les nouveau-nés infectés
Le HCSP préconise un suivi à long terme, avec évaluation clinique du développement neurologique jusqu'à la fin du cours préparatoire ou au moins 2 ans, et évaluation auditive paraclinique spécifique, ainsi qu'une prise en charge multidisciplinaire pour les enfants présentant des anomalies (que la mère soit infectée ou non), et chez les enfants sans anomalies, mais dont les examens biologiques révèlent ou n'excluent pas un diagnostic d'infection par le virus Zika.
Un suivi de cohorte doit être mis en place pour étudier le devenir à long terme des enfants infectés par le virus Zika.
Le HCSP recommande enfin la mise en place d'un plan de surveillance coordonné au niveau national. Cette surveillance, pilotée par l'Institut national de veille sanitaire, doit s'appuyer sur les autres dispositifs mis en place lors de l'épidémie de Zika : la déclaration obligatoire (DO) de l'infection, aux agences régionales de santé, et le dispositif spécifique à Zika mis en place par l'InVS en lien avec les centres pluridisciplinaires de diagnostic prénatal (CPDPN).
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