Le risque de malformation néonatale suite à une infection par le virus Zika au cours de la grossesse est désormais suffisamment documenté pour laisser craindre une augmentation du nombre de complications dans les zones touchées par l'épidémie. Telles sont les conclusions des experts de l'organisation mondiale de la santé (OMS) rassemblés mardi au sein du comité d'urgence sur l'épidémie de Zika.
« Le virus Zika a été détecté dans l'encéphale et le liquide céphalo rachidien des fœtus victimes de fausses couches, de morts à la naissance ou de graves malformations justifiant un avortement, rappelle le Dr Margaret Chan, directrice générale de l'OMS, la microcéphalie n'est qu'une de nombreuses anomalies associées à l'infection par le virus Zika durant la grossesse. Les autres graves conséquences de l'infection sont : la mort fœtale, l'insuffisance placentaire, le retard de croissance fœtale et les lésions du système nerveux central. »
Pour le Dr David Heymann, qui dirige le comité d'urgence, « les principaux groupes de cas étudiés se trouvent au Brésil et en Polynésie française, où l'épidémie est la plus ancienne, explique-t-il, il faut maintenant s'attendre à une augmentation du nombre de fausses couches, d'avortements et des malformations néonatales dans d'autres pays comme la Colombie, où l'épidémie a commencé plus tard. C'est très inquiétant » ajoute-t-il.
Selon des résultats publiés mardi par les centres américains pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC), la prévalence des microcéphalies a bondi au Brésil entre 2015 et 2016. À l’aide d'une analyse menée sur 574 cas de microcéphalie, ils ont noté que ces cas intervenaient chez des enfants nés de femmes reportant des symptômes compatibles avec une infection par le virus Zika, qui plus est dans des zones touchées par l'épidémie au moment de leur grossesse.
Les auteurs notent que, sur la période concernée, les prévalences de la microcéphalie dans les 15 états brésiliens touchés par l'épidémie (2,8/10 000 naissances vivantes) étaient très supérieures à celle dans 4 états encore épargnés (0,6/10 0000).
De nouvelles recommandations temporaires
Le comité a émis de nouvelles recommandations temporaires, valables jusqu'à sa prochaine réunion. Elle recommande des efforts de recherche supplémentaires sur la relation entre infection et microcéphalie, avec un accent mis sur les études cas-contrôle, des études sur l'histoire naturelle de l'infection et la persistance du virus. Il demande une surveillance plus stricte des grossesses dans les zones touchées par l'épidémie et une nouvelle définition clinique de l'infection par le Zika.
Par ailleurs, 9 pays ont jusqu'à présent reporté une augmentation de l'incidence des syndromes Guillain-Barré concomitante à une épidémie d'infection par le virus Zika. Là encore, le lien entre le virus et ce syndrome a été largement exploré au cours des derniers mois.
Un premier cas de myélite aiguë chez une patiente
Les données sur le risque de complications neurologiques d'une infection par le virus Zika continuent à s'accumuler. Des neurologues guadeloupéens, associés aux chercheurs de l'Institut du cerveau et de la moelle épinière de Paris, ont ainsi décrit pour la première fois un cas de myélite aiguë, caractérisé par un déficit moteur des 4 membres, des douleurs très intenses et une rétention aiguë d'urine, chez une patiente de 15 ans admise en janvier dernier au CHU de Pointe-à-Pitre.
Victime d'une hémiplégie gauche qui a empiré au fil des jours, la jeune fille était infectée par le virus Zika, comme l'ont prouvé les tests réalisés à partir de prélèvement de liquide céphalorachidien, de sang et d'urine.
Selon le case report publié par le Dr Sylvie Mécharles, du service de neurologie du CHU de Pointe-à-Pitre dans « The Lancet », le 3 mars dernier, la patiente a été traitée par de la méthylprednisolone. Le septième jour d'admission, sa condition neurologique s'est améliorée. La patiente est toujours hospitalisée mais ses jours ne sont pas en danger bien qu'elle présente des signes de faiblesse modérée dans les deux jambes et remarche sans aide.
Pour les chercheurs, « ce cas renforce l'hypothèse du caractère neurotropique du virus Zika. Il met en évidence l'existence de complications neurologiques en phase aiguë de l'infection, les syndromes de Guillain Barré étant des complications post-infectieuses. Il s'agit par ailleurs d'un unique cas. Des études futures seront nécessaires. »
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