Des factures aux relations avec les médecins

Dans la peau des patients chinois

Publié le 23/11/2010

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Crédit photo : D. CH.

DE NOTRE ENVOYÉE SPÉCIALE

À REGARDER sa grand-mère alitée dans le box des urgences, le jeune étudiant voit ses derniers doutes s’envoler : « Je n’ai pas le choix. Je dois épargner pour m’acheter une assurance santé au plus vite. Un pépin est vite arrivé. » La scène se passe à l’hôpital de Suzhou, non loin de la côte Est de la Chine. La grand-mère octogénaire avait bon pied bon œil jusqu’à ce vertige soudain ce matin, suivi de violents vomissements. A priori, rien de grave : sans doute une hypotension liée à une surdose médicamenteuse. Sa fille unique, Jin Shun Ji, a appris la nouvelle au bureau. Elle a quitté son entreprise aussitôt, et s’est rendue aux urgences avec ses deux enfants. Pour s’assurer de l’état de santé de sa mère, et pour régler la facture, qu’elle sort de son sac. Le papier détaille, sur une dizaine de lignes, la liste des examens effectués en quelques heures (scanner, ECG, EEG, prise de sang, perfusion...), et tout en bas, la douloureuse : 1 200 yuans (130 euros). Jin Shun Ji a payé cash. Une somme qui représente 20 % de son salaire, mais la cadre supérieure ne se plaint nullement. Aucun dessous-de-table ne lui a été demandé. Et elle a les moyens de payer : « Je gagne bien ma vie. C’est une grosse dépense, mais cela va encore », dit-elle avec un large sourire. La mère de Jin Shun Ji n’a jamais travaillé. Elle n’a pas d’assurance entreprise, et bénéficie seulement de la sécurité sociale de base, qui rembourse très peu. C’est donc sa fille, Jin Shun Ji, qui, chaque mois, lui paye une assurance complémentaire : « L’avancée en âge de ma mère est une charge psychologique et financière, mais j’ai déjà tout arrangé grâce à cette assurance. Le seul ennui, c’est que l’assurance ne prend pas en charge les urgences. C’est pourquoi aujourd’hui je dois tout payer. »

DELPHINE CHARDON

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