ZHANG JIANYING vit dans le Hunan, et passe ses journées à traquer les fraudeurs à la Sécu. La jeune femme ne connaît pas l’ennui. « Il y a beaucoup de corruption et de fausses factures dans les hôpitaux chinois, dit-elle. Les patients sont intéressés car les établissements leur proposent de partager l’argent correspondant à la fausse facture. Il y a un problème d’honnêteté. » Médecins et patients, ce sont donc toutes les parties prenantes qu’il convient de remettre au pas.
La démarche est toute nouvelle en Chine. L’État, en mars dernier, a créé plusieurs agences chargées de passer à la loupe les flux d’argent entre la Sécu et les hôpitaux. Zhang Jianying dirige le département financier d’une de ces agences, qui emploie 20 salariés. Elle a fait le voyage jusqu’en Mongolie intérieure cet été afin de rencontrer la délégation française présente au colloque des cliniques privées chinoises (« le Quotidien » du 2 novembre). Curieuse d’apprendre comment s’y prend la France sur le terrain des fraudes. « Votre Sécurité sociale est-elle en déficit ? », demande-t-elle à Jacques Métais. L’ancien directeur d’agence régionale de l’hospitalisation n’a pu masquer l’ampleur du « trou » hexagonal : « Nous remboursons ce déficit par l’emprunt et l’impôt. Et contre les fraudes, nous avons des médecins inspecteurs au sein même de la Sécu ». « En Chine aussi, la Sécurité sociale a un grand déficit, surtout à la campagne, rebondit Zhang Jianying. Mon agence est appelée à beaucoup se développer. »
Actuellement, l’agence de lutte contre les fraudes basée dans le Hunan travaille en partenariat avec une centaine d’établissements. Tous volontaires. L’objectif de l’agence est de conquérir 30 % du marché. « Pour améliorer l’offre et la qualité des soins », précise Zhang Jianying. Il n’existe pas de certification des hôpitaux en Chine, mais l’idée, peut-être, va cheminer. Une chose est sûre : les largesses du système français n’inspireront pas la Chine. « Tout le peuple français a accès aux soins, et à des soins de qualité. C’est bien. Mais les Français ne devraient pas être couverts à 100 %, car ils ne sont pas responsabilisés face au coût de la santé », estime Zhang Jianying.
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