La liste des facteurs de risque d’asthme est longue et l’on peut citer, à côté des facteurs génétiques, le petit poids de naissance, la prématurité, la délivrance par césarienne, l’obésité infantile, les facteurs environnementaux… Parmi ces derniers, l’association entre tabagisme, maternel et paternel, et les symptômes d’asthme est bien établie : la présence d’une relation dose réponse avec la respiration sifflante suggère que la relation est causale. D’autres polluants de l’air intérieur comme les combustibles de cuisson ont aussi été mis en cause.
Par ailleurs, le rôle des virus dans la genèse de l’asthme est bien établi et peut expliquer certains asthmes persistants en l’absence d’allergie. Une étude récente (1) vient de montrer que le plus important facteur de risque pour un développement ultérieur de l’asthme est le nombre d’épisodes d’infections respiratoires aiguës plus que le type du virus lui-même. L’atopie et les infections virales apparaissent comme deux facteurs de risque indépendants, mais ils peuvent être associés.
Plusieurs molécules à l’essai
Différentes interventions préventives sur certains facteurs de risque modifiables ont dès lors été étudiées. L’utilisation de corticoïdes inhalés chez les enfants de 2-3 ans à haut risque de développer un asthme n’a pas prouvé de bénéfice. De même, chez les enfants souffrant de dermatite atopique, l’administration d’un antihistaminique (cetirizine) n’a pas d’effet sur la diminution du risque d’asthme. L’immunothérapie allergénique fait l’objet de controverse.
En revanche, un bénéfice potentiel a pu être montré dans une étude pilote avec le suplatast tosilat, un inhibiteur sélectif des cytokines de type Th2, qui réduit le risque de développer un asthme lorsqu’il est donné à des enfants ayant des allergies alimentaires et une dermatite atopique.
Chez les enfants prématurés, des injections mensuelles de palivizumab, un anticorps monoclonal humanisé dirigé contre le virus respiratoire syncytial (VRS), permettent de réduire le nombre d’épisodes de respiration sifflante pendant la première année de vie et de réduire le risque d’asthme dans l’enfance, mais il s’agit d’un traitement au coût élevé qui doit être réservé aux enfants à haut risque.
Des essais sont en cours avec un vaccin fabriqué à partir d’extraits bactériens (OM-85) pour évaluer son degré de protection contre les infections respiratoires aiguës dans la prime enfance ainsi que le développement ultérieur de l’asthme.
Diététique
Quant aux mesures diététiques pendant la grossesse, très peu se sont montrées efficaces dans les études. Une supplémentation en vitamine C ou en prébiotiques ainsi que l’exclusion des œufs et du lait de vache sont sans effet sur la prévalence de l’asthme. L’augmentation des apports en oméga 3 (huile de poissons) en fin de grossesse semble en revanche apporter un potentiel prophylactique de l’asthme chez l’enfant à naître. Une étude avec une supplémentation en vitamine D est en cours.
Les mesures diététiques pendant l’enfance se sont tout autant montrées inefficaces ou insuffisamment efficaces : allaitement maternel, pré et probiotiques, hydrolysats de lait de vache (ils réduisent le risque de dermatite atopique mais pas le risque d’asthme chez les enfants à haut risque), huile de poisson…
Des interventions complexes
L’éviction des allergènes (acariens, chat, chien…) n’a pas montré d’effet suffisant pour réduire le risque d’asthme : seule une intervention agissant sur tous les allergènes pourrait être efficace. Ainsi, une revue Cochrane a mis en évidence chez les enfants présentant un risque de développement d’asthme infantile que les interventions multidimensionnelles, impliquant à la fois une réduction des allergènes alimentaires et un changement d’environnement (réduction des allergènes inhalés), réduisaient de moitié le risque de diagnostic asthmatique plus tard dans l’enfance. Mais ces interventions sont complexes et difficiles à réaliser en pratique.
Dans l’attente de résultats d’études en cours, les recommandations de santé publique qui améliorent globalement la santé devraient être respectées : réduire l’exposition au tabac, à la pollution extérieure et intérieure, l’obésité infantile, encourager une alimentation riche en légumes et en fruits, l’allaitement maternel et les vaccinations infantiles.
(1) B nnelykke K et al. J Allergy Clin Immunol. 2015 Jul;136(1):81-86
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