On a longtemps considéré qu'après la découverte d'un cancer, il était trop tard pour proposer un sevrage tabagique. Or le tabagisme détériore la qualité de vie du patient atteint de cancer, majore le risque de décès, de complications péri-opératoires et celui de récidive. Il peut modifier l’efficacité de certaines chimiothérapies et aggraver leur toxicité.
« L'idée forte de l'INCa est de mettre en place un système pour la prise en charge du sevrage tabagique et qui mobilise tous les professionnels de santé autour de ce projet, quels que soient la localisation du cancer et l'âge du patient », insiste A. Deutsch. Tous les praticiens concernés doivent se mobiliser contre le tabagisme, proposer des conseils aux patients. Au niveau de l'établissement qui prend en charge la personne, l'arrêt du tabac sera suivi et accompagné au long cours par le médecin traitant, un tabacologue ou un addictologue selon la complexité.
Il est donc actuellement recommandé de renseigner systématiquement le statut tabagique, de proposer des substituts nicotiniques si besoin et d'en préciser les protocoles de délivrance. Le remboursement des substituts est passé à 150 euros pour les patients atteints de cancer depuis juillet 2015.
L'approche doit être réalisée le plus rapidement possible après l'annonce du diagnostic, expliquée et répétée par chaque intervenant avec un message adapté. Diverses études montrent que les patients changent plus volontiers certains comportements à risque après l'annonce d'un cancer, a fortiori quand leur tumeur est réputée être liée au tabac ; ainsi selon plus des 2/3 des personnes atteintes de cancers du poumon ou des voies aérodigestives supérieures (VADS) arrêtent de fumer, un taux de sevrage qui tourne seulement autour de 20 % pour les cancers du sein ou du col de l'utérus, avec une véritable perte de chances pour les malades.
D'après un entretien avec le Dr Antoine Deutsch (département prévention, INCa)
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