« Le tabac est omniprésent dans un service d’addictologie comme le nôtre, qui accueille majoritairement une population défavorisée socialement. En général, la plupart des patients présentent une consommation de tabac, d’alcool et de cannabis. Mais nous avons aussi beaucoup de patients dépendants à d’autres produits, en particulier les opiacés. Et nous prenons en charge des personnes avec des conduites addictives mais aussi psychiatriques. Ainsi, 70 % des patients atteints de schizophrénie fument. Et le tabac est également très consommé chez les patientes qui font de l’anorexie mentale », explique le Pr Olivier Cottencin, psychiatre et chef du service d’addictologie du CHRU de Lille.
Dans ce service, il existe une règle simple et intangible : il est possible de tout arrêter. « On propose du sur-mesure avec la conviction qu’un patient peut tout arrêter et tout de suite. Au début, souvent, la priorité est le sevrage alcoolique et l’équilibre du traitement de substitution aux opiacés. Mais tous les patients fumeurs se voient aussi proposer une substitution nicotinique. Et dans le service, nous avons la palette de substitution nicotinique la plus large possible : des comprimés à sucer, des gommes à mâcher, des patchs, des inhaleurs… », explique le Pr Cottencin.
En général, les patients arrivent à réduire voire à stopper leur consommation durant l’hospitalisation. « Bien sûr, il faut prévoir un accompagnement à la sortie. Ensuite, cela dépend des patients. Certains avancent marche par marche. D’autres arrivent à arrêter sans reprendre, simplement parce que c’était le bon moment. Ce qui est important, c’est de ne jamais mettre le patient en situation d’échec », indique le Pr Cottencin.
Certains patients continuent-ils à fumer en pensant que cela va les aider à mieux gérer l’arrêt des autres substances ? « Certains le croient et mon rôle est de leur dire que non. Certains patients pensent aussi que fumer du cannabis va leur éviter de rechuter à l’alcool alors que cela favorise au contraire la rechute », indique le Pr Cottencin, qui ne décourage pas l’usage de la cigarette électronique. « Je reste conforme aux recommandations. Je ne propose pas aux patients de l’utiliser mais s’ils le font déjà ou veulent le faire, je ne m’y oppose pas ».
D’après un entretien avec le Pr Olivier Cottencin, psychiatre et chef du service d’addictologie du CHRU de Lille
Article précédent
Comment séduire les jeunes ?
Article suivant
Oui, mais...
Un nouveau rôle pour le pharmacien
Le sevrage toujours d'actualité
La question du genre
Un nouveau défi
En augmentation chez la femme
Comment séduire les jeunes ?
Le tabac omniprésent
Oui, mais...
L’impact de l’exposition au tabac in utéro sur le nouveau-né
Les missions du tabacologue
La Direction générale de la santé veut garder la cap
Aller au-delà de l’addiction
Comment parlent-ils du tabac?
Dr Éric Drahi : «Toute la démarche est centrée sur la personne et son ressenti et non sur sa consommation de nicotine»
Les risques du tabac
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024
La myologie, vers une nouvelle spécialité transversale ?