Combien y a-t-il de tabacologues en France ? « Cela peut paraître surprenant mais il est très difficile de répondre de manière précise car il n’y a eu jamais de recensement exhaustif. Ce qu’on sait, c’est que la Société francophone de tabacologie compte environ 230 membres qui sont tous titulaires d’un DIU de tabacologie », explique la Dr Nathalie Wirth, responsable de l’unité de coordination de tabacologie du CHRU de Nancy.
Ces tabacologues ont un profil varié : certains sont médecins, infirmiers, psychologues mais il y a aussi des sages-femmes qui ont passé le DIU. « La très grande majorité exerce aujourd’hui en milieu hospitalier dans des unités de coordinations de tabacologie. Ces unités ont été créées en 2002 grâce au premier plan cancer. Elles ont plusieurs missions. Elles assurent d’abord une activité de soins en proposant des consultations externes. Elles prennent aussi en charge tous les patients fumeurs hospitalisés dans l’établissement. Les unités font aussi de l’éducation thérapeutique, ainsi que de la formation, de l’enseignement et de la recherche », indique la Dr Wirth, en ajoutant que ces unités sont loin d’être toutes homogènes sur le territoire. « Certaines sont bien dotées en personnel, d’autres beaucoup moins. Et globalement, il y a trop peu d’unités en France ».
Pour développer leur action, il faudrait, selon la Dr Wirth, que le tabagisme soit pris en charge dans le parcours de soins du patient de la même manière que les autres facteurs de risque, comme l’hypertension artérielle ou le diabète. « Et il faudrait que cette prise en charge puisse être faite par tous les professionnels de santé, à trois niveaux différents. Le premier niveau est celui assuré par les professionnels de soins primaires qui peuvent donner de l’information, délivrer des conseils d’arrêt, proposer une intervention brève et orienter vers une structure spécialisée. Au deuxième niveau, on fait un peu le même travail mais de manière plus intensive. Enfin, au troisième niveau, on trouve les consultations spécialisées de tabacologie qui visent notamment à prendre en charge les patients les plus dépendants ou avec des polyconsommations ».
Un modèle à suivre serait sans doute celui du Royaume-Uni. « En 2011, la prévalence du tabagisme y était de 19 % contre 37 % en France. Là-bas, la prise en charge est assurée par les NHS stop smoking services avec des professionnels dont c’est l’activité exclusive. Ces structures sont pluridisciplinaires et les professionnels qui y travaillent bénéficient d’une formation initiale et continue intensive. Ils appliquent mieux les recommandations de bonne pratique et préconisent plutôt un arrêt brutal que progressif. Ils assurent aussi des soutiens plus longs dans la durée et plus fréquents », souligne la Dr Wirth.
D’après un entretien avec la Dr Nathalie Wirth, responsable de l’unité de coordination de tabacologie du CHRU de Nancy, présidente précédente de la Société francophone de tabacologie
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