Il ressort des travaux du Haut commissariat à la santé publique (HCSP) que la cigarette électronique peut constituer une aide à l'arrêt du tabac et un outil de réduction des risques, ce qui a amené à conseiller aux professionnels de santé de l'intégrer à l'arsenal thérapeutique pour le sevrage tabagique.
Toutefois, le HCSP demande d'être vigilant sur le risque d'initiation nicotinique qu'elle pourrait représenter auprès des populations jeunes ainsi que le risque de renormaliser le fait de fumer. Comme l'a recommandé la loi de modernisation de notre système de santé, la cigarette électronique est interdite de publicité, de vente aux mineurs et le HSCP est allé beaucoup plus loin en interdisant son usage dans les lieux à usage collectif. « L'autoriser dans les lieux publics aurait introduit des failles dans la loi Evin », explique Christian Ben Lakhdar, économiste à Lille.
Si on sait qu'il est préférable de vapoter que de fumer du tabac, pour l'instant l'efficacité de la cigarette électronique est du même ordre que celle des substituts nicotiniques et on manque d'études à long terme permettant d'évaluer son innocuité, son impact sur le sevrage et sur la réduction des risques, en particulier chez les « vapo-fumeurs » qui alternent tabac et cigarettes électroniques.
En l'absence d'arguments épidémiologiques robustes, l'avis du HCSP ne s'est pas exclusivement centré sur la littérature scientifique comme en 2014, mais s'est aussi appuyé sur les pratiques des professionnels et la perception des associations. « Nous avons aussi repris une recommandation du Conseil de l'Ordre des Médecins qui préconise une cigarette électronique "médicalisée" afin qu'elle entre officiellement dans la panoplie des tabacologues et soit potentiellement remboursée par l'Assurance-maladie », poursuit l'économiste. « Notre inquiétude se fonde aussi sur le fait que la première cigarette électronique remboursée en Angleterre est fabriquée par British American Tobacco ! C'est vraiment un problème que l'industrie du tabac produise des cigarettes électroniques susceptibles d'être remboursées par les pouvoirs publics avec une confusion entre vendeurs de risque et vendeurs d'outils de réduction des risques ! »
D'après un entretien avec Christian Ben Lakhdar (économiste, Lille)
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