LA BPCO est une maladie très fréquente. Environ 3,5 millions de personnes seraient atteintes de BPCO en France (1). Elle est due au tabagisme dans 70 à 90 % des cas. Les causes des 10 à 20 % restants, soit environ 700 000 cas, ne sont pas toutes identifiées. Comme le souligne le Dr Yves Grillet (Valence) : « il n’est plus possible d’ignorer que le tabac augmente le risque d’avoir une BPCO. En revanche, le fait qu’une BPCO puisse être due à un air pollué par une autre cause que le tabagisme est très peu connu ». Pourtant, l’attention du corps médical et de l’ensemble de la population est de plus en plus attirée sur la qualité de l’air inspiré en milieu professionnel, mais aussi à l’intérieur ou à l’extérieur des habitats.
Des pollutions diverses.
Des études épidémiologiques ont montré que des BPCO non tabagiques peuvent être dues à une pollution professionnelle, domestique ou atmosphérique. Les polluants professionnels sont nombreux et certaines BPCO sont reconnues comme maladies professionnelles. Ainsi, la poussière de coton dans les filatures, les poussières minérales dans des locaux industriels (charbon, silice à des niveaux d’exposition qui ne provoquent pas de silicose, ciment), les vapeurs et fumées dans des ateliers de soudage, les particules organiques ou végétales dans des secteurs agricoles et les zones d’élevage, etc., sont des agents inducteurs de BPCO. En ce qui concerne la pollution domestique, des mesures effectuées dans les habitats ont mis en évidence des taux élevés de polluants (sprays, peintures), de poussières issues de matériaux de construction (bois, panneaux de particules, plastiques) qui pourraient induire une obstruction bronchique lors d’expositions répétées. Enfin, la pollution atmosphérique (particules fines, fumées…) peut aussi être responsable de BPCO.
Bien que de nombreux éléments soient en faveur d’une relation entre ces agents polluants et la BPCO, celle-ci n’est pas toujours facile à démontrer car la quantité de polluants inhalée à long terme est moins facile à quantifier que le nombre de cigarettes fumées. Quelle que soit leur origine, les BPCO ont le même profil clinique. Elles se traitent de la même façon en commençant par éliminer la cause de l’intoxication. Le traitement est ensuite optimisé en fonction du stade de la maladie (classification GOLD).
Des facteurs génétiques.
Une BPCO qui n’est liée ni au tabac ni à la pollution est celle due à un déficit congénital en alpha-1-antitrypsine. Elle se traduit par une perte d’élasticité du tissu pulmonaire et un emphysème très sévère. Bien que provoquant aussi toux, expectoration et dyspnée, cette forme particulière et rare de BPCO se traite de façon différente. Par ailleurs, des facteurs génétiques sont aussi vraisemblablement responsables d’une susceptibilité supérieure chez certains individus. Ainsi, tous les fumeurs développent une BPCO, mais elle peut être de stade très variable, depuis un stade 1 (débutant) à un stade IV (très sévère) avec la même quantité de tabac. Actuellement, plus d’hommes que de femmes ont une BPCO alors qu’il est apparu depuis peu que les femmes ont une sensibilité un peu supérieure à celle des hommes et qu’elles développent une BPCO plus facilement. Cette sensibilité accrue s’exprime aujourd’hui par une augmentaiton de la fréquence de la BPCO chez les femmes.
(1) Ministère de la Santé et des Solidarités. « Connaître, prévenir et mieux prendre en charge la BPCO » novembre 2005.
D’après un entretien avec le Dr Yves Grillet, Valence.
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