Rhinovirus et métapneumovirus

Des causes majeures d’exacerbations

Publié le 28/01/2011
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LE METAPNEUMOVIRUS humain (MPVH) est un nouveau paramyxovirus identifié en 2001 et responsable d’infections respiratoires notamment de bronchiolite chez le jeune enfant et qui a été détecté récemment dans les exacerbations de bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO), mais de façon sporadique.

Une étude a été menée dans le service de pneumologie du CHU de Reims pour évaluer l’imputabilité de l’infection virale dans les exacerbations de la BPCO. Cinquante-et-un patients atteints de BPCO ont été suivis régulièrement à l’état stable pendant un an et au cours des exacerbations. Un prélèvement d’expectoration induite par un aérosol de sérum physiologique a été réalisé chaque mois et analysé par la technique de PCR microarray dans le laboratoire de virologie du CHU. Pendant cette période, il y a eu 45 cas d’exacerbations, parmi lesquelles un métapneumovirus était identifié dans 18 % des cas et un rhinovirus dans 20 % des cas. Une coïnfection a été mise en évidence dans 27 % des cas : virus-virus (MPVH, rhinovirus, virus Influenza) ou virus-bactéries classiques (Haemophilus influenzae, Streptococcus pneumoniae et Branhamella catarrhalis).

« Un suivi d’un an de chacun de nos patients a permis de constater que ceux chez lesquels le métapneumovirus ou le rhinovirus avaient été détectés, avaient une fréquence plus élevée d’exacerbations  », précise le Dr Jeanne-Marie Perotin-Collard.

Portage aigu ou portage chronique ?

L’analyse des prélèvements faits pendant les périodes stables précédant les exacerbations et au cours des exacerbations montre que dans 75 % et 56 %, l’acquisition respective de métapneumovirus et de rhinovirus est récente, suggérant qu’il s’agit d’un phénomène aigu d’infection et non pas un portage chronique.

Au cours de cette étude, quelques cas d’infection sévère ont nécessité une hospitalisation et un patient est décédé d’insuffisance respiratoire aiguë. Mais ces cas graves n’étaient pas liés à une infection virale. Il apparaît que les infections virales notamment à rhinovirus et à métapneumovirus ne sont corrélées ni avec la sévérité de la BPCO ni avec celle de l’exacerbation.

Au plan thérapeutique, l’utilisation d’antiviraux dans les exacerbations de BPCO n’est actuellement pas recommandée, sauf cas particuliers tels que la mise en évidence du virus de la grippe.

Dans cette étude, les 51 patients étaient correctement vaccinés contre la grippe, les virus influenza n’ont pratiquement pas été détectés.

D’après un entretien avec le Dr Jeanne-Marie Perotin-Collard (CHU de Reims).

Dr MICHELINE FOURCADE

Source : Le Quotidien du Médecin: 8895