LA NOTION selon laquelle la prévalence de la bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) est plus élevée chez l’homme que chez la femme est devenue caduque. Comme l’indique l’Organisation mondiale de la santé (OMS), en raison de l’évolution de deux facteurs de risque de BPCO – le tabagisme et l’exposition à des polluants intérieurs –, la maladie touche désormais autant d’hommes que de femmes. On observe en effet un nombre rapidement croissant de femmes fumeuses dans les pays développés ainsi qu’une augmentation de l’exposition des femmes des pays en développement aux poussières et aux fumées domestiques. Et d’après l’étude internationale BOLD (Burden of Obstructive Lung Disease), dans certains pays, la prévalence de la BPCO dans la population féminine a même dépassé celle notée dans la population masculine (1). En France, des projections faites à partir de données – peu nombreuses – provenant d’études publiées au début des années 2000 concluent à un sex-ratio de 4 femmes pour 6 hommes.
À sévérité égale.
Comme toute maladie chronique, la BPCO altère la qualité de vie (QDV) des patients et génère fréquemment des états anxieux et dépressifs. Dans les quelques études d’évaluation de la QDV des sujets atteints de BPCO, l’outil le plus utilisé est le questionnaire de Saint-Georges (2). Ce questionnaire généraliste auto-administré explore plusieurs dimensions portant sur les symptômes (fréquence et sévérité des symptômes respiratoires), l’activité et l’impact sur la vie quotidienne. Les études montrent que, « à sévérité identique de BPCO, la qualité de vie des femmes est plus altérée que celle des hommes », souligne le Pr Raherison-Semjen (3). Les différences entre les deux sexes sont significatives : les patientes présentent une symptomatologie respiratoire plus intense (toux, essoufflement) et rapportent une détérioration de leur QDV globale plus importante. Le retentissement psychologique de la BPCO a également été évalué par des questionnaires d’anxiété et de dépression validés. Là encore, les femmes sont désavantagées. Leur souffrance psychologique est en effet plus importante que chez les hommes.
Ces spécificités féminines de la maladie restent pour l’instant inexpliquées. Pour en connaître les raisons, « il faudrait réaliser des études avec des questionnaires de cooping », note le Pr Raherison-Semjen. Les seules données actuellement disponibles sur le rôle du sexe dans la BPCO concernent les facteurs de risque et la démonstration, par de nombreuses études, d’une vulnérabilité accrue de la femme à la fumée de cigarette. Une étude prospective multicentrique est actuellement menée en France sur un échantillon significatif de patients atteints de BPCO fournira de nouvelles informations sur les particularités de la BPCO dans les deux sexes, y compris sur le plan de la QDV. Ses résultats ont été soumis pour présentation au prochain congrès de l’American Thoracic Society (ATS) qui se tiendra à Denver du 13 au18 mai 2011.
D’après un entretien avec le Pr Chantal Raherison-Semjen, service des maladies respiratoires, CHU de Bordeaux.
(1) Buist AS et coll. International variation in the prevalence of COPD (the BOLD Study): a population-based prevalence study. Lancet 2007 ; 370 : 741-50.
(2) Jones PW, et coll. A self-complete measure of health status for chronic airflow limitation. The St. George’s Respiratory Questionnaire. Am Rev Respir Dis 1992 ; 145 : 1321-7.
(3) Raherison C et coll. Existe-t-il des spécificités chez les femmes atteintes de BPCO ? Rev Mal Respir 2010 ; 27 : 611-24.
Article précédent
Des situations contrastées
Article suivant
Une notion qui peut faire réfléchir
Les âges du poumon
Les tests IGRA prouvent leur intérêt
Une composante auto-immune fortement suspectée
10% en dernière section de maternelle
Des causes majeures d’exacerbations
Des situations contrastées
Plus altérée chez les femmes
Une notion qui peut faire réfléchir
Toute la pneumologie tient congrès à Lille au 15e CPLF
Quelles conséquences à l’âge adulte ?
Les nouveautés 2011
Une modification de l’approche thérapeutique en 2011 ?
Un mythe en péril
Le double intérêt de la voie sublinguale
La normale n’est pas la norme
Exposition périnatale et allergie
D’autres causes que le tabagisme
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024
La myologie, vers une nouvelle spécialité transversale ?